A17O0264 (Tweed) : Allocution

Kathy Fox, présidente du BST
Natacha Van Themsche
Richmond Hill (Ontario)
30 octobre 2019

Seul le texte prononcé fait foi.

Natacha Van Themsche

Bonjour,

Le 14 décembre 2017, un hélicoptère Airbus Astar appartenant à Hydro One Networks a percuté le relief près de Tweed, en Ontario, alors qu'il transportait des monteurs de ligne. Le pilote et les trois passagers ont subi des blessures mortelles. Dans la semaine suivant l'accident, le Bureau de la sécurité des transports du Canada a révélé qu'un sac qui était mal arrimé avait été projeté d'une plateforme extérieure et avait heurté le rotor de queue pendant le vol, ce qui a rendu l'hélicoptère impossible à maîtriser.

Peu après l'accident, le BST a émis un avis de sécurité contenant deux messages de sécurité : d'abord, les charges doivent être attachées adéquatement, en tout temps, pour éviter qu'elles ne se déplacent dans l'hélicoptère ou qu'elles soient éjectées de l'hélicoptère en vol; ensuite, les passagers risquent des blessures graves ou même la mort en cas d'accident lorsqu'ils n'utilisent pas leur ceinture de sécurité. Au cours de l'enquête, il est devenu évident que des mesures de sécurité supplémentaires s'imposent.

Aujourd'hui, nous publions le rapport d'enquête complet, et nous recommandons que Transports Canada élimine toute ambiguïté relativement à la définition de « ceinture de sécurité » dans le Règlement de l'aviation canadien. Cette mesure ferait en sorte que les ceintures-baudriers ET les ceintures sous-abdominales soient utilisées ensemble, ce qui augmenterait la probabilité de survie des passagers en cas d'écrasement.

Je reviendrai sur cette recommandation dans quelques minutes, mais je vais d'abord vous présenter ce que nous avons appris et vous expliquer comment les événements se sont déroulés, et pourquoi.

Le matin de l'accident, trois monteurs de ligne ont pris place à bord de l'hélicoptère au pied d'un pylône pour retourner à une zone de rassemblement à proximité. Une grande poulie et deux grands sacs à outils étaient attachés à une plateforme extérieure appelée Air Stair. Un sac d'équipement en toile était aussi transporté sur la plateforme, mais on n'a pas pu déterminer son emplacement exact.

Durant l'atterrissage, l'hélicoptère était à 230 pieds au-dessus du sol lorsque le sac d'équipement a été projeté de la plateforme, avec son mousqueton . Le sac a heurté le rotor de queue et l'a gravement endommagé. Le choc a causé un important déséquilibre de la masse et de fortes vibrations.

Quelques instants plus tard, le rotor de queue et le plan fixe vertical se sont séparés de la poutre de queue. L'hélicoptère est devenu impossible à maîtriser et a amorcé plusieurs rotations avant de s'écraser. Il n'y a eu aucun survivant.

Le BST a mené une enquête détaillée et exhaustive sur cet accident. Assez tôt dans l'enquête, nous avons su ce qui s'est passé, mais il nous a fallu beaucoup plus de temps pour comprendre le pourquoi. Pourquoi le sac n'était-il pas solidement attaché à la plateforme extérieure? Pourquoi les passagers ne portaient-ils pas leur ceinture de sécurité?

Pour ce qui est du sac, l'enquête a permis de déterminer qu'il était courant pour les monteurs de ligne d'attacher des sacs à outils et d'autres petits objets sur la plateforme extérieure durant les déplacements. En effet, aucune directive officielle n'interdisait le transport de petites charges externes durant les vols de transfert.

Pour ce qui est des ceintures de sécurité, les sièges arrière de l'hélicoptère étaient munis d'une ceinture de sécurité détachable à quatre points, composée d'une ceinture sous-abdominale et d'une ceinture-baudrier. L'enquête a permis de déterminer que les ceintures sous-abdominales de deux des trois passagers étaient détachées. De plus, les trois ceintures-baudriers étaient retenues avec du ruban isolant et n'étaient pas régulièrement utilisées. Une analyse approfondie a fait ressortir un problème plus généralisé : la perception que le port de la ceinture-baudrier est facultatif, pourvu que la ceinture sous-abdominale soit utilisée. Cette idée est fausse. En réalité, l'objectif du règlement est que les membres de l'équipage et les passagers portent à la fois la ceinture sous-abdominale et la ceinture-baudrier, lorsque celle-ci est installée.

Voilà le pourquoi de la recommandation formulée aujourd'hui.

Le Règlement de l'aviation canadien définit la ceinture de sécurité comme étant un « dispositif de retenue individuel qui se compose soit d'une ceinture sous-abdominale, soit d'une ceinture sous-abdominale et d'une ceinture-baudrier ».

À cause du mot soit, il est difficile de savoir si les deux doivent être utilisées. Les pilotes et les passagers risquent de mal interpréter le règlement et de penser que le port de la ceinture sous-abdominale seule est suffisant, comme ce fut le cas dans l'accident étudié. Cette ambiguïté doit être éliminée.

Même si l'utilisation à la fois de la ceinture-baudrier et de la ceinture sous-abdominale n'aurait peut-être pas empêché le décès des personnes dans cet accident, on sait qu'une utilisation appropriée des ceintures de sécurité réduit nettement la probabilité de blessures graves et de mort dans un accident offrant des chances de survie.

C'est pourquoi nous recommandons aujourd'hui que le ministère des Transports élimine toute ambiguïté relativement à la définition de « ceinture de sécurité » dans le Règlement de l'aviation canadien. D'ici là, nous encourageons les intervenants du secteur et les passagers à agir de manière proactive. Bouclez votre ceinture : c'est un geste qui sauve des vies. Merci.