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Avis sur la sécurité du transport maritime 03/22

25 octobre 2022

Directeur des opérations maritimes, CTMA
435, chemin Avila-Arseneau
Cap-aux-Meules QC G4T 1J3

Directeur régional des programmes – Atlantique, Transports Canada
6ième étage
95 Rue Foundry
Moncton, NB E1C 5H7

Objet :

Avis sur la sécurité du transport maritime 03/22 (M22C0005)
Sécurité lors des opérations d’amarrage et d’appareillage

Le 9 janvier 2022, un membre d’équipage du traversier roulier canadien Madeleine II a été mortellement blessé par la garde montante qui s’est libérée brusquement lorsque la bitte d’amarrage a cédé sous la tension exercée par l’amarre tandis que le navire accostait au quai no 2 du port de Cap-aux-Meules (Québec). L’équipage a attaché une première garde-montante à la bitte d’amarrage sur le quai et s’apprêtait à placer une deuxième amarre sur la bitte d’amarrage quand celle-ci s’est sectionné sous la tension de la première garde montante. La première garde-montante s’est libérée brusquement dans un mouvement de fouet vers l’arrière et a frappé le premier officier qui a été blessé mortellement.  L'enquête M22C005 du Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST) sur cet événement est en cours.

Plusieurs évènements impliquant des blessures graves et parfois mortelles lié à des opérations d’amarrage et d’appareillage ont été signalés au Canada et à l’étranger. Selon les statistiques tirées de la base de données du BST, entre janvier 2017 et mars 2022, 13 événements (en comptant celui du Madeleine II) mettant en cause des opérations d’amarrage et d’appareillage au Canada sur des navires battant pavillon canadiens et étrangers ont été signalés. À la suite de ces événements, 12 personnes ont subi des blessures graves et 2 personnes ont subi des blessures mortelles.

La sécurité lors des opérations d’amarrage et d’appareillage continue de nécessiter une attention particulière et son importance ne peut être sous-estimée. Ces opérations de routine sont effectuées à toute heure du jour et de la nuit et en toute saison. Un des risques identifiés aux opérations d’amarrage et d’appareillage est le phénomène appelé coup de fouet. Il s’agit du relâchement soudain de l’énergie emmagasinée dans l’amarre sous tension. Une pratique commune pour atténuer ce risque est le marquage des zones de coup de fouet sur les ponts des postes d'amarrage.

Jusqu'à récemment, le Code of Safe Working Practices for Merchant Seafarers (COSWP) de la Maritime & Coastguard Agency du Royaume-Uni recommandait le marquage des zones de coup de fouet sur le pont. Ce marquage autour des points critiques tels que le tambour de halage, les chaumards à rouleaux et les bonhommes avait pour but d'avertir les marins d'éviter de se tenir dans ces zones lorsque les amarres sont sous tension. Cependant, des études récentes ont démontré que le calcul précis de la zone du coup de fouet est plus complexe qu'initialement perçue. Cela est dû à des facteurs tels que la configuration des postes d’amarrage ainsi que le type et matériau de la ligne d'amarrage utilisée (élasticité et résistance à la rupture). Par conséquent, le marquage des zones dangereuses, bien que pratique et simple, peut ne pas refléter la zone du danger réelle et peut donner aux marins un faux sentiment de sécurité lorsqu'ils se tiennent hors de la zone marquée.

La version la plus récente du COSWP (édition 2015, modification 6, octobre 2021) déconseille maintenant le marquage de zones de coup de fouet sur le pont. Le COSWP recommande que le poste d’amarrage en entier soit considéré comme une zone de coup de fouet et qu'une signalisation claire et visible soit affichée pour en avertir l'équipage. Il est également recommandé de réaliser une représentation d’une vue à vol d'oiseau du poste d'amarrage pour identifier les zones potentiellement dangereuses (annexe A).Note de bas de page 1

L'information qui précède est fournie pour que les mesures de suivi jugées appropriées soient adoptées. Le BST souhaite être informé de toutes mesures mise en œuvre à cet égard. Une fois l’enquête (M22C0005) terminée, le Bureau diffusera son rapport d’enquête sur cet événement.

Veuillez agréer mes sentiments les plus distingués,

Lettre originale signée par

Clifford Harvey

Directeur, Enquêtes - Maritime
Bureau de la sécurité des transports du Canada

c.c.

Annexe A – Exemple de représentation d’une vue à vol d’oiseau

Annexe A – Exemple de représentation d’une vue à vol d’oiseau
Source : Maritime & Coastguard Agency du Royaume-Uni, Code of Safe Working Practices for Merchant Seafarers, édition 2015, modification 6, octobre 2021, Annexe 26.1. Traduction et annotations par le BST.