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Le point sur le déraillement et incendie d’un train de pétrole brut du Canadien National près de Gogama, en Ontario
Le point sur le déraillement et incendie d’un train de pétrole brut du Canadien National près de Gogama, en Ontario
L’événement
Le 14 février 2015, un train-bloc de pétrole brut du Canadien National (CN) fait route vers l'est sur la subdivision Ruel du CN, près de Gogama (Ontario). L'équipe de train se compose d'un mécanicien de locomotive et d'un chef de train. Le train comprend 2 locomotives de tête tirant 100 wagons-citernes de catégorie 111, dont 68 chargés de pétrole brut (UN 1267) et 32 chargés de distillat de pétrole (UN 1268). Il mesure 6089 pieds de long et pèse 14 355 tonnes.
Vers 23 h 50, alors que le train circule à 38 mi/h, l'équipe de train sent un contrecoup, et le train déclenche un freinage d'urgence proche du point milliaire 111,6. Par la suite, constatant qu'un incendie s'est déclaré environ 10 wagons derrière les locomotives, l'équipe détache les locomotives du train. La température est alors de -31°C, et une limitation de vitesse de 40 mi/h est en place.
Ce train est désigné comme un « train clé »Note de bas de page 1 que l'on exploite sur un « itinéraire clé »Note de bas de page 2. L'accident est survenu dans une région éloignée, et le CN a mis en œuvre son plan d'intervention d'urgence (PIU). Personne n'a été blessé, et aucune évacuation n'a été nécessaire. On a laissé brûler le produit contenu dans plusieurs wagons-citernes. Tous les incendies étaient éteints le 20 février 2015.
Données factuelles
L'examen du site a permis de déterminer que les wagons-citernes du 7e jusqu'au 35e rang derrière les locomotives (29 en tout) ont déraillé. Durant l'événement, plusieurs wagons-citernes ont été perforés; le produit qu'ils contenaient s'est déversé et s'est enflammé, ce qui a occasionné un important incendie qui au départ touchait 7 des wagons-citernes déraillés. Par la suite, il s'est déversé une quantité additionnelle de produit et, au total, 21 wagons-citernes ont subi des dommages, de mineurs à graves, en raison des flammes. Le déraillement a détruit quelque 900 pieds de voie.
Pendant que les pompiers combattaient l'incendie, les enquêteurs du Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST) ont pu examiner les lieux de l'accident et ont récupéré des pièces d'intérêt, notamment un segment de rail brisé qui comprenait une éclisse, ainsi qu'une roue rompue. Tous les composants du rail qui ont été récupérés, y compris la roue rompue, ont été envoyés au Laboratoire du BST à Ottawa aux fins d'analyses plus poussées.
Wagons-citernes
Le BST a fait une évaluation préliminaire des dommages que tous les wagons-citernes déraillés ont subis. Tous les wagons-citernes de catégorie 111 avaient été fabriqués au cours des 3 dernières années et étaient conformes à la norme ferroviaire CPC-1232. Comparativement aux wagons-citernes de catégorie 111 de service général de l'ancienne génération, ces wagons plus récents comprennent certaines améliorations, entre autres des demi-boucliers protecteurs, une meilleure protection des raccords supérieurs et inférieurs, et de l'acier normalisé.
L'évaluation préliminaire a révélé que 2 des wagons-citernes à l'extrémité de tête du déraillement ont subi des dommages mineurs, et 2 à l'extrémité de queue du déraillement n'ont subi aucun dommage. Les 25 autres wagons qui ont déraillé ont subi des dommages plus importants. Au moins 19 des 25 wagons-citernes ont laissé fuir diverses quantités de produit par des brèches importantes ou partielles. Selon les estimations, plus de 1 million de litres de produit se sont soit dispersés dans l'atmosphère, soit déversés dans le sol. Il sera possible de déterminer avec plus de précision la quantité de produit qui a fui dans le cadre des mesures d'atténuation et de nettoyage des lieux qui se poursuivent.
L'accident est survenu alors que le train roulait à 38 mi/h. De prime abord, il semble que la performance de ces wagons-citernes de catégorie 111 conformes à la norme CPC-1232 était semblable à celle des wagons-citernes en cause dans l'accident à Lac-Mégantic, qui est survenu à une vitesse de 65 mi/h.
Transport de liquides inflammables par rail
Le transport de liquides inflammables par rail est l'un des risques les plus importants sur le réseau de transport et il figure sur la Liste de surveillance 2014 du BST. Depuis de nombreuses années déjà le BST souligne la vulnérabilité des wagons-citernes de catégorie 111, et le Bureau a demandé l'adoption de normes renforcées pour tous les wagons-citernes de catégorie 111, pas seulement les nouveaux, afin de réduire la probabilité de déversement de produit en cas d'accident. À Lac-Mégantic, les enquêteurs ont conclu que, même à vitesse plus basse, les modèles non protégés de wagons-citernes de catégorie 111 s'étaient rompus pour déverser leur contenu de pétrole brut, qui a alimenté l'incendie. Par conséquent, jusqu'à ce qu'une norme plus rigoureuse comprenant une protection renforcée pour les wagons-citernes soit mise en œuvre en Amérique du Nord, le risque persistera.
En réponse à la recommandation du BST, Transports Canada (TC) a officialisé la norme CPC-1232 en janvier 2014 comme exigence visant tous les nouveaux wagons-citernes destinés au transport de liquides inflammables. Le BST a mis en garde TC que cette norme ne suffisait pas et qu'il fallait en faire plus pour fournir un niveau de protection adéquat. Une évaluation préliminaire des wagons-citernes conformes à la norme CPC-1232 en cause dans cet événement montre l'insuffisance de cette norme, étant donné leur performance semblable à celle des wagons-citernes de catégorie 111 de l'ancienne génération qui étaient en cause dans l'accident à Lac-Mégantic.
« Le BST demande des normes plus rigoureuses depuis plusieurs années pour les wagons-citernes de catégorie 111, déclare Jean L. Laporte, administrateur en chef des opérations au BST. Une fois de plus, des wagons-citernes ont été perforés, et nous incitons de nouveau Transports Canada à accélérer l'adoption de normes améliorées en matière de protection pour réduire les risques de déversement de produit lorsque ces wagons sont mis en cause dans des accidents. »
Prochaines étapes
L'enquête se poursuit et les prochaines étapes comprendront :
- l'examen des composants du rail et d'une roue suspecte récupérés sur les lieux du déraillement
- l'échantillonnage de produit prélevé de certains wagons-citernes et des essais de ces produits
- l'examen des dossiers de détecteurs de défauts de roue du train en cause et de 2 trains précédents
- l'examen de tous les dossiers d'entretien de l'infrastructure de la voie pour ce secteur
- l'examen des normes technique de la voie du CN et sa politique sur les opérations par temps froid
- l'examen du Règlement sur la sécurité de la voie approuvé par TC
- l'examen et l'évaluation du PIU et de l'interventions d'urgence
- des rencontres additionnelles, si nécessaire.
Une fois que l'on aura retiré le reste du produit des wagons-citernes et que ceux-ci auront été purgés et nettoyés, le BST fera une évaluation détaillée des dommages qu'ont subis les wagons. Cette évaluation visera à comparer la performance de ces wagons-citernes à la performance connue des wagons-citernes de catégorie 111 de l'ancienne génération qui étaient en cause dans l'accident à Lac-Mégantic. Cette évaluation pourrait également comprendre d'autres analyses de défaillance ainsi que des essais et des examens métallurgiques au Laboratoire du BST.
Communication des lacunes de sécurité
Si l'équipe d'enquête met au jour des lacunes de sécurité présentant un risque immédiat, le Bureau les fera connaître immédiatement pour qu'on puisse y remédier rapidement afin de rendre le réseau ferroviaire plus sûr.
Les renseignements fournis sont de nature factuelle; ils ne comprennent aucune analyse. L'analyse de l'accident et les conclusions du Bureau seront exposées dans le rapport final. L'enquête se poursuit.
Le BST est un organisme indépendant qui mène des enquêtes sur des événements de transport aérien, ferroviaire, maritime et pipelinier. Son seul but est de promouvoir la sécurité des transports. Le Bureau n'est pas habilité à attribuer ni à déterminer les responsabilités civiles ou pénales.
Pour de plus amples renseignements :
Bureau de la sécurité des transports du Canada
Relations avec les médias
Téléphone : 819–360–4376
Courriel : medias@bst.gc.ca