Fatigue dans le secteur maritime : facteurs de risque, stratégies d’atténuation et gestion de la fatigue
La fatigue est un problème de sécurité largement reconnu dans le secteur du transport. Dans le secteur maritime, la fatigue a été un facteur en cause dans de nombreux accidents partout dans le monde. Depuis 1993, le BST a présenté six recommandations visant à prévenir la fatigue dans les transports maritimes, particulièrement chez les pilotes, les responsables des affectations et les officiers de quart. Il demeure nécessaire d'accroître la sensibilisation et l'éducation sur les facteurs de risques et les stratégies d'atténuation, ainsi que sur les programmes de gestion de la fatigue. Ces programmes doivent porter sur tous les aspects de la gestion de la fatigue, y compris les politiques sur la formation et la gestion des affectations.
Sommeil réparateur – le meilleur antidote à la fatigue
Selon des recherches scientifiques, pour prévenir la fatigue, l'être humain devrait dormir de 7 à 9 heures d'affilée la nuit, afin que tous les stades du sommeil aient lieu lors de chaque période de sommeil. Une personne qui dort normalement la nuit tombe dans le sommeil profond au début de la période de sommeil, et le stade paradoxal (ou des mouvements oculaires rapides [MOR]) survient au cours de la seconde moitié de cette période. Il est probable que le sommeil profond joue un rôle réparateur physiologique tandis que le MOR rétablit plutôt les processus cognitifs.
Facteurs de risque liés à la fatigue
- Perturbations du sommeil – Selon le stade où elles se produisent, les perturbations du sommeil peuvent nuire aux fonctions physiologiques ou cognitives, et augmenter les risques de fatigue. Le risque augmente en présence d'une diminution de la qualité ou de la durée du sommeil au cours des trois jours précédents (perturbation aiguë du sommeil) ou si le sommeil a été perturbé durant plus de trois jours consécutifs (perturbations chroniques du sommeil).
- Manque de sommeil – Rester éveillé pendant plus de 17 heures (état de veille continu) augmente aussi le risque de fatigue.
- Horloge biologique ou cycle circadien – D'un point de vue physiologique, l'être humain est programmé pour dormir le soir et exercer des activités le jour. C'est le rythme circadien. Peu importe la durée des périodes de repos, l'efficacité de la capacité fonctionnelle et des fonctions cognitives de l'être humain est à son plus bas durant la nuit. Le rythme circadien fait aussi en sorte que le sommeil de jour est moins réparateur que le sommeil de nuit.
- Troubles du sommeil – L'insomnie, l'apnée obstructive du sommeil et d'autres troubles du sommeil non traités efficacement limitent la durée et la qualité du sommeil.
- Facteurs individuels – Des facteurs individuels peuvent nuire à la capacité d'une personne d'obtenir un sommeil réparateur, par exemple certaines maladies, la consommation de drogues ou la prise de médicaments, le fait d'être un lève-tôt ou un couche-tard et la capacité à faire des siestes.
- Nature de travail – Toutes les dimensions du travail influent de façon plus ou moins marquée sur la vigilance du personnel ou sur sa prédisposition au sommeil. Par exemple, sur un navire, la monotonie et la sédentarité des tâches de veille peuvent exacerber l'état d'un employé déjà fatigué, en particulier durant la nuit, si la température est chaude, si l'eau est calme et si l'officier de quart est seul sur la passerelle.
- Type d'horaire – Les quarts de travail fractionnés, les quarts de travail rotatifs et d'autres formes de travail par quart peuvent limiter les occasions de dormir et nuire à la qualité et à la durée du sommeil. Les horaires de 6 heures de travail suivies de 6 heures de repos (système 6/6) sont fréquents dans le secteur maritime. Ce type d'horaire est associé à une réduction du sommeil quotidien, à la fragmentation et à la mauvaise qualité du sommeil, à une augmentation de la fréquence d'épisodes d'endormissement (microsommeil) et à une somnolence excessive (surtout au petit matin).
Stratégies d'atténuation
La gestion efficace des risques liés à fatigue dans le secteur maritime nécessite une approche proactive, qui comprend non seulement la conformité à la réglementation, mais aussi l'éducation des marins afin qu'ils puissent cibler et prendre des mesures de prévention qui vont au-delà de la réglementation.
Exigences relatives au nombre d'heures de travail et de repos – Afin de réduire le risque de fatigue, le Règlement sur le personnel maritime stipule que les équipages des bâtiments étrangers dans les eaux canadiennes doivent :
- travailler au plus 14 heures par période de 24 heures, et au plus 72 heures par période de 7 jours; ou
- disposer d'au moins 10 heures de repos par période de 24 heures et d'au moins 77 heures de repos par période de 7 jours.
Éducation et sensibilisation – La prévention de la fatigue en milieu de travail incombe autant à une compagnie qu'à ses employés.
La compagnie peut aider à prévenir la fatigue en :
- renseignant les employés sur les causes et les stratégies d'atténuation de la fatigue;
- définissant des politiques et des procédures adéquates;
- s'assurant que l'environnement de travail et la gestion des horaires réduisent au minimum les risques de fatigue—par exemple, dans le secteur maritime, décalant de 3 heures l'heure de début et de fin des horaires 6/6 à la passerelle afin que les heures de nuit soient partagées également;
- s'efforçant de réduire les risques de fatigue de façon continue.
Les employés peuvent aider à prévenir la fatigue en :
- utilisant de fait les mesures de prévention, en cas de fatigue, p. ex., consommer de la caféine, allumer une lumière vive, faire de l'exercice, s'exposer à un son fort et intermittent, prendre l'air frais, entamer une conversation;
- reconnaissant les signes de fatigue qu'ils présentent et que manifestent leurs collègues;
- prenant des mesures pour s'assurer que la fatigue causée par les activités qu'ils effectuent au travail et pendant leurs congés n'affectent pas leur rendement.
Outils de gestion de la fatigue pour le secteur des transports
En réponse à la recommandation M96-18 du BST, le secteur maritime a mis en place un programme de formation en gestion de la fatigue et de sensibilisation à la fatigue qui est destiné aux pilotes maritimes (en savoir plus sur les nouvelles et anciennes recommandations du BST sur les risques liés à la fatigue dans le secteur maritime). En plus du rapport de recherche (TP 13958E), le programme comprend le Guide de gestion de la fatigue pour les pilotes maritimes canadiens (TP 13959) et le Manuel du formateur (TP 13960).
Les capitaines, les premiers officiers, les officiers électrotechniques et les officiers de quart à la passerelle travaillant à bord de navires d'une jauge brute de 500 ou plus auront bientôt accès à un module de formation sur la gestion de la fatigue et du stress. Cette formation sera obligatoire pour obtenir un nouveau brevet ou un brevet de niveau supérieur.
Le 31 mai 2018, le BST a émis les recommandations M18-01 et M18-02 afin d'aider à faire en sorte que les autres officiers de quart dont les périodes de travail et de repos sont régis par le Règlement sur le personnel maritime disposent des outils nécessaires à la reconnaissance et à l'atténuation des risques de fatigue.
L'Annexe A de la Convention internationale sur les normes de formation des gens de mer, de délivrance des brevets et de veille comprend des normes d'exercice de l'autorité, de travail d'équipe et de gestion aux niveaux de l'exploitation et de la direction. Une politique de Transports Canada (2017) s'appuie sur ces normes pour traiter des exigences obligatoires relatives à l'exercice de l'autorité, au travail d'équipe et à la gestion.
La United States Coast Guard (USCG) a élaboré le Crew Endurance Management System (système de gestion de l'endurance des équipages) pour gérer les facteurs de risque pouvant entraîner des erreurs humaines et une dégradation du rendement dans les environnements de travail maritimes.
Dans le secteur ferroviaire, le document Programmes de gestion de la fatigue : Exigences et guide d'évaluation aide les compagnies de chemin de fer à élaborer les programmes qu'elles doivent présenter à Transports Canada pour respecter les Règles relatives au temps de travail et de repos du personnel d'exploitation ferroviaire de l'industrie.
Dans le secteur de l'aviation civile, Transports Canada fournit une boîte à outils aux entreprises qui adoptent volontairement un système de gestion des risques liés à la fatigue.
Fatigue dans le secteur maritime : facteurs de risque, stratégies d’atténuation et gestion de la fatigue
La fatigue est un problème de sécurité largement reconnu dans le secteur du transport. Dans le secteur maritime, la fatigue a été un facteur en cause dans de nombreux accidents partout dans le monde. Depuis 1993, le BST a présenté six recommandations visant à prévenir la fatigue dans les transports maritimes, particulièrement chez les pilotes, les responsables des affectations et les officiers de quart. Il demeure nécessaire d'accroître la sensibilisation et l'éducation sur les facteurs de risques et les stratégies d'atténuation, ainsi que sur les programmes de gestion de la fatigue. Ces programmes doivent porter sur tous les aspects de la gestion de la fatigue, y compris les politiques sur la formation et la gestion des affectations.
Sommeil réparateur – le meilleur antidote à la fatigue
Selon des recherches scientifiques, pour prévenir la fatigue, l'être humain devrait dormir de 7 à 9 heures d'affilée la nuit, afin que tous les stades du sommeil aient lieu lors de chaque période de sommeil. Une personne qui dort normalement la nuit tombe dans le sommeil profond au début de la période de sommeil, et le stade paradoxal (ou des mouvements oculaires rapides [MOR]) survient au cours de la seconde moitié de cette période. Il est probable que le sommeil profond joue un rôle réparateur physiologique tandis que le MOR rétablit plutôt les processus cognitifs.
Facteurs de risque liés à la fatigue
- Perturbations du sommeil – Selon le stade où elles se produisent, les perturbations du sommeil peuvent nuire aux fonctions physiologiques ou cognitives, et augmenter les risques de fatigue. Le risque augmente en présence d'une diminution de la qualité ou de la durée du sommeil au cours des trois jours précédents (perturbation aiguë du sommeil) ou si le sommeil a été perturbé durant plus de trois jours consécutifs (perturbations chroniques du sommeil).
- Manque de sommeil – Rester éveillé pendant plus de 17 heures (état de veille continu) augmente aussi le risque de fatigue.
- Horloge biologique ou cycle circadien – D'un point de vue physiologique, l'être humain est programmé pour dormir le soir et exercer des activités le jour. C'est le rythme circadien. Peu importe la durée des périodes de repos, l'efficacité de la capacité fonctionnelle et des fonctions cognitives de l'être humain est à son plus bas durant la nuit. Le rythme circadien fait aussi en sorte que le sommeil de jour est moins réparateur que le sommeil de nuit.
- Troubles du sommeil – L'insomnie, l'apnée obstructive du sommeil et d'autres troubles du sommeil non traités efficacement limitent la durée et la qualité du sommeil.
- Facteurs individuels – Des facteurs individuels peuvent nuire à la capacité d'une personne d'obtenir un sommeil réparateur, par exemple certaines maladies, la consommation de drogues ou la prise de médicaments, le fait d'être un lève-tôt ou un couche-tard et la capacité à faire des siestes.
- Nature de travail – Toutes les dimensions du travail influent de façon plus ou moins marquée sur la vigilance du personnel ou sur sa prédisposition au sommeil. Par exemple, sur un navire, la monotonie et la sédentarité des tâches de veille peuvent exacerber l'état d'un employé déjà fatigué, en particulier durant la nuit, si la température est chaude, si l'eau est calme et si l'officier de quart est seul sur la passerelle.
- Type d'horaire – Les quarts de travail fractionnés, les quarts de travail rotatifs et d'autres formes de travail par quart peuvent limiter les occasions de dormir et nuire à la qualité et à la durée du sommeil. Les horaires de 6 heures de travail suivies de 6 heures de repos (système 6/6) sont fréquents dans le secteur maritime. Ce type d'horaire est associé à une réduction du sommeil quotidien, à la fragmentation et à la mauvaise qualité du sommeil, à une augmentation de la fréquence d'épisodes d'endormissement (microsommeil) et à une somnolence excessive (surtout au petit matin).
Stratégies d'atténuation
La gestion efficace des risques liés à fatigue dans le secteur maritime nécessite une approche proactive, qui comprend non seulement la conformité à la réglementation, mais aussi l'éducation des marins afin qu'ils puissent cibler et prendre des mesures de prévention qui vont au-delà de la réglementation.
Exigences relatives au nombre d'heures de travail et de repos – Afin de réduire le risque de fatigue, le Règlement sur le personnel maritime stipule que les équipages des bâtiments étrangers dans les eaux canadiennes doivent :
- travailler au plus 14 heures par période de 24 heures, et au plus 72 heures par période de 7 jours; ou
- disposer d'au moins 10 heures de repos par période de 24 heures et d'au moins 77 heures de repos par période de 7 jours.
Éducation et sensibilisation – La prévention de la fatigue en milieu de travail incombe autant à une compagnie qu'à ses employés.
La compagnie peut aider à prévenir la fatigue en :
- renseignant les employés sur les causes et les stratégies d'atténuation de la fatigue;
- définissant des politiques et des procédures adéquates;
- s'assurant que l'environnement de travail et la gestion des horaires réduisent au minimum les risques de fatigue—par exemple, dans le secteur maritime, décalant de 3 heures l'heure de début et de fin des horaires 6/6 à la passerelle afin que les heures de nuit soient partagées également;
- s'efforçant de réduire les risques de fatigue de façon continue.
Les employés peuvent aider à prévenir la fatigue en :
- utilisant de fait les mesures de prévention, en cas de fatigue, p. ex., consommer de la caféine, allumer une lumière vive, faire de l'exercice, s'exposer à un son fort et intermittent, prendre l'air frais, entamer une conversation;
- reconnaissant les signes de fatigue qu'ils présentent et que manifestent leurs collègues;
- prenant des mesures pour s'assurer que la fatigue causée par les activités qu'ils effectuent au travail et pendant leurs congés n'affectent pas leur rendement.
Outils de gestion de la fatigue pour le secteur des transports
En réponse à la recommandation M96-18 du BST, le secteur maritime a mis en place un programme de formation en gestion de la fatigue et de sensibilisation à la fatigue qui est destiné aux pilotes maritimes (en savoir plus sur les nouvelles et anciennes recommandations du BST sur les risques liés à la fatigue dans le secteur maritime). En plus du rapport de recherche (TP 13958E), le programme comprend le Guide de gestion de la fatigue pour les pilotes maritimes canadiens (TP 13959) et le Manuel du formateur (TP 13960).
Les capitaines, les premiers officiers, les officiers électrotechniques et les officiers de quart à la passerelle travaillant à bord de navires d'une jauge brute de 500 ou plus auront bientôt accès à un module de formation sur la gestion de la fatigue et du stress. Cette formation sera obligatoire pour obtenir un nouveau brevet ou un brevet de niveau supérieur.
Le 31 mai 2018, le BST a émis les recommandations M18-01 et M18-02 afin d'aider à faire en sorte que les autres officiers de quart dont les périodes de travail et de repos sont régis par le Règlement sur le personnel maritime disposent des outils nécessaires à la reconnaissance et à l'atténuation des risques de fatigue.
L'Annexe A de la Convention internationale sur les normes de formation des gens de mer, de délivrance des brevets et de veille comprend des normes d'exercice de l'autorité, de travail d'équipe et de gestion aux niveaux de l'exploitation et de la direction. Une politique de Transports Canada (2017) s'appuie sur ces normes pour traiter des exigences obligatoires relatives à l'exercice de l'autorité, au travail d'équipe et à la gestion.
La United States Coast Guard (USCG) a élaboré le Crew Endurance Management System (système de gestion de l'endurance des équipages) pour gérer les facteurs de risque pouvant entraîner des erreurs humaines et une dégradation du rendement dans les environnements de travail maritimes.
Dans le secteur ferroviaire, le document Programmes de gestion de la fatigue : Exigences et guide d'évaluation aide les compagnies de chemin de fer à élaborer les programmes qu'elles doivent présenter à Transports Canada pour respecter les Règles relatives au temps de travail et de repos du personnel d'exploitation ferroviaire de l'industrie.
Dans le secteur de l'aviation civile, Transports Canada fournit une boîte à outils aux entreprises qui adoptent volontairement un système de gestion des risques liés à la fatigue.